Aucun pays ne peut vivre en autarcie. On peut le dire des pays enclavés, n’ayant aucun accès à la mer. Il s’agit notamment du Tchad et de la République Centrafricaine. Le mardi 17 mars 2020, l’annonce du Premier ministre camerounais sur la fermeture des “frontières terrestres, aériennes, et maritimes” du pays à l’exception des “vols cargos”, des “navires transportant des produits de consommation courantes et biens matériels nécessaires” mais sans plus de précisions concernant les échanges routiers a suscité beaucoup d’inquiétudes pour les pays voisins, qui en dépendent pour s’approvisionner. Heureusement, le jour suivant, le Premier ministre camerounais a précisé que les échanges commerciaux frontaliers seraient maintenus, en particulier avec le Tchad et la République Centrafricaine. A son tour, le jeudi 19 mars 2020, le Secrétaire général des services du Premier ministre camerounais a précisé : “le Cameroun va poursuivre ses échanges commerciaux avec les cinq autres pays de l’espace CEMAC et ceci sans préjudices du contrôle sanitaire des conducteurs.” Quel impact économique la fermeture des frontières Camerounaises aurait pour ces pays ? Le Cameroun peut-il fermer ses frontières étant donné qu’il dépend en grande partie des importations ?
Le Cameroun est l’un des piliers des échanges commerciaux dans la zone CEMAC. Selon le rapport de la Banque africaine de développement sur les perspectives économiques en Afrique, 24,7% des échanges ont été effectués par le Cameroun entre 2014 et 2017. Ceci grâce à l’existence de corridors routiers avec les pays de la CEMAC et le Nigéria. Selon l’observatoire de la complexité économique, le Cameroun a reçu en 2017 : 362 000 dollars d’importations de la RCA sur un total de 5,9 milliards de dollars d’importations et exporté 43,6 millions de dollars sur un total de 4,27 milliards de dollars d’exportations. S’agissant du Tchad, le Cameroun a reçu 4,54 millions de dollars et exporté 68,3 millions de dollars.
La fermeture du port de Douala, principale porte d’entrée et de sortie des marchandises pour le Tchad et la République Centrafricaine serait une catastrophe. Elle entraînerait une baisse des recettes pour le port autonome de Douala. De plus, elle couperait la chaîne d’approvisionnement de ces pays. Ce qui pourrait créer des tensions sociales du fait de l’absence des produits de premières nécessités.
Le Cameroun a une balance commerciale déficitaire. Il importe beaucoup, notamment des produits comme le poisson, le riz, le carburant, les médicaments, les intrants pour son industrie…. On peut citer le cas des secteurs meunier et cimentier. Ils dépendent totalement de l’extérieur pour l’approvisionnement en blé et en clinker, matières premières incontournable dans la fabrication du pain et du ciment. Le tableau des opérations financières de l’Etat (TOFE) du Cameroun fixe les objectifs de recouvrements douaniers à 905 milliards en 2020, 925 milliards en 2021 et 955 milliards en 2022. Avec l’arrivée du Covid-19, le Cameroun devrait revoir ses prévisions budgétaires. Le Tchad et la République Centrafricaine contribuent en grande partie à ces recettes lors de leurs importations. Le Cameroun ne saurait donc fermer ses frontières car sa survie et celle des autres pays en dépendent.
Sources : Jeune Afrique